Jour J – 6 juin 1944
Après presque cinq années de guerre, l’invasion tant attendue de l’Europe était sur le point de commencer. Sa planification avait débuté en 1943 et, en mai 1944, un nombre suffisant d’hommes et d’équipement était rassemblé pour transformer le sud de l’Angleterre en un vaste camp armé. Des soldats en provenance de la Grande-Bretagne, des États-Unis et du Canada, y compris plusieurs anciens combattants de Summerlea, prenaient part à cette journée historique.
Très tôt en cette journée du 6 juin 1944, le général Eisenhower a donné l’ordre de prendre la mer, mettant fin ainsi à plusieurs années d’attente, de planification et de préparation. Le plus grand assaut amphibie de l’histoire débutait.
Comme l’a dit Winston Churchill, « c’est le début de la fin de la guerre. »
Le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale avait apporté de grands changements partout, y compris dans les clubs de golf. Summerlea n’a pas fait exception. Plusieurs ajustements ont dû être apportés lorsque les membres et le personnel du Club ont été recrutés par les Forces armées. En 1939, Summerlea comptait 640 membres; en 1942, ce nombre était passé à 350. Les cotisations annuelles des membres enrôlés ont été suspendues pendant toute la durée de la guerre. En raison du rationnement de la nourriture et de l’essence, les services, dont les activités sociales, étaient restreints, ce qui a causé une baisse marquée des revenus, et à la fin de la guerre, plusieurs clubs de golf éprouvaient de sérieuses difficultés financières. Les clubs qui s’en sont le mieux sortis ont été ceux qui étaient facilement accessibles, et le train vers Summerlea a assurément constitué un avantage. Moins de personnes suivaient des leçons de golf, et les excédents générés par les tournois professionnels étaient versés à l’effort de guerre. Les professionnels adjoints étaient rares. Des 15 clubs d’envergure à Montréal, un seul avait un professionnel adjoint.
À cette époque, il n’y avait pas de voiturettes et les cadets faisaient partie intégrante du jeu. Ces derniers étaient maintenant en service et fabriquaient des armes et des munitions. Des cadets plus jeunes ont pris leur place. Ceux-ci devaient porter deux sacs et connaissaient très peu le golf. Mais pire encore, pour les joueurs de l’époque, des cadets féminins ont fait leur apparition et prétendaient pouvoir faire un aussi bon travail que les garçons.
Ceux qui étaient au pays effectuaient divers travaux de guerre. Les golfeuses ne sont pas restées sans rien faire. L’Union canadienne des golfeuses a amassé suffisamment d’argent pour acheter un Spitfire. L’argent qu’elle a recueilli a également été utilisé outre-mer pour acheter des cantines mobiles et des ambulances, ainsi que pour fournir les nécessités de base aux enfants victimes de la guerre.
Le centre de commande de l’Aviation royale, basé à l’aéroport de Dorval, a transporté des avions construits au Canada et aux États-Unis depuis Dorval jusqu’en Grande-Bretagne. En mai 1944, le président de Summerlea a reçu une lettre de la part de l’Aviation royale, dans laquelle elle demandait si les pilotes pouvaient y tenir un tournoi de golf une fois par mois. Le conseil d’administration a accepté, à la condition que ceux-ci n’interfèrent pas avec la journée des dames.
Au Club de golf Grovehill, qui était situé juste en face de Summerlea, une caserne de l’aviation surplombait le parcours. Les aviateurs souhaitaient jouer au golf pendant leurs temps libres. Le Club a accepté à condition que les aviateurs, en retour, donnent un coup de main à l’entretien. Ces aviateurs n’avaient pas d’équipement, et ceux-ci étaient rares. Toute la ferraille était ramassée sur une base régulière, et un appel a été fait pour que tous mettent à la disposition des aviateurs les vieux sacs et vieux bâtons de golf qui traînaient dans leur sous-sol. Quatre aviateurs pouvaient jouer à la fois, car seulement quatre ensembles de bâtons avaient été trouvés.
Lors du 60e anniversaire du jour J, les anciens combattants de Summerlea ont été honorés au Club au moyen d’une exposition composée de photographies des membres et de leurs expériences durant la guerre. Un cocktail ainsi qu’un souper ont complété cette journée spéciale.
Marion Dunn